Vous criez… et il crie encore plus
Vous avez tout essayé. Le regard noir, la voix calme mais ferme, le « je compte jusqu’à trois » qui finit toujours par « trois et demi », puis « trois trois-quarts »… Rien n’y fait.
Et là, l’explosion : « STOP ! ». Mais au lieu d’un miracle, votre enfant hausse le ton encore plus fort. Et vous voilà en train de faire un concours de décibels avec un être humain de trois ans qui n’a ni filtre, ni limite vocale.
Alors, la vraie question : faut-il hausser le ton ? Si oui, quand et comment le faire intelligemment sans que cela ne devienne une habitude ? Voici ce que la science et les experts en éducation nous disent sur le sujet.
Hausser le ton : seulement dans ces trois cas
Un psychologue spécialiste de l’éducation vous le dira : élever la voix ne doit jamais être un mode de communication régulier. Mais dans certains cas, cela peut être utile, voire nécessaire.
A. En cas de danger immédiat
Ca parait évident.
Exemple : Votre enfant s’apprête à traverser la route en courant.
Pourquoi ? Crier déclenche un réflexe d’alerte dans son cerveau. Il s’arrête net.
Comment ? Une injonction courte et percutante : « STOP ! » Puis, une explication une fois le danger écarté.
Un cri peut sauver une vie, mais trop de cris anéantissent les espoirs d’avoir un impact
B. Pour poser une limite non négociable
Exemple : Votre enfant frappe un autre enfant ou jette un objet contre un mur par colère.
Pourquoi ? Pour qu’il comprenne immédiatement que ce comportement est inacceptable.
Comment ? Haussez le ton sans hurler, avec une phrase brève et ferme : « On ne tape pas ! C’est interdit. » Puis, appliquez une conséquence adaptée.
C. Pour interrompre une escalade émotionnelle
Exemple : Votre enfant fait une crise et ne vous entend plus.
Pourquoi ? Son cerveau émotionnel a pris le dessus. Un ton plus fort peut marquer une pause et permettre de reprendre la communication.
Un ton fort pour stopper, un ton doux pour réparer.
Comment ? Un ton ferme mais non agressif, suivi d’un retour au calme : « Ça suffit. On respire et on en parle. »
Ce qu’il ne faut jamais faire
Si vous criez pour tout, il n’écoutera plus rien
Crier en permanence : Si vous élevez la voix trop souvent, votre enfant s’y habitue. L’effet disparaît.
Hurler par frustration : Vous perdez en crédibilité et risquez de déclencher du stress chez lui.
Confondre autorité et intimidation : L’objectif n’est pas de faire peur, mais de poser un cadre. La peur n’est pas une arme qui doit être utilisée, ce n’est jamais un moteur sain d’action pour l’enfant.
Et si ça ne fonctionne pas ?
Vous avez haussé le ton dans une situation appropriée, mais votre enfant continue comme si de rien n’était ? Voici comment analyser et ajuster votre approche.
Posez-vous ces trois questions
Votre enfant vous entend-il crier tout le temps ? Si oui, il a peut-être intégré que votre voix forte est la norme et ne réagit plus.
Votre message est-il clair et court ? Un « Arrête de faire ça, sinon il va se passer quelque chose que tu n’aimeras pas et blablabla… » a moins d’impact qu’un « STOP. Ce comportement n’est pas acceptable. »
Votre réaction est-elle cohérente ? Si vous criez mais ne suivez pas avec une action (explication, conséquence), votre enfant comprendra que ce n’est que du bruit.
Crier moins, mais mieux, c’est déjà progresser dans sa parentalité.
Ce que ça apprend à votre enfant
En adoptant cette approche mesurée, vous enseignez à votre enfant des compétences essentielles :
- L’autorégulation : Il apprend à gérer ses émotions en voyant comment vous gérez les vôtres.
- Le respect des limites : Il comprend qu’il y a des règles non négociables.
- L’écoute active : Si vous ne criez que rarement, votre voix forte devient un vrai signal d’alerte qu’il prend au sérieux.
Votre calme est son meilleur modèle
D’après le Dr. Aletha Solter, psychologue et spécialiste de l’attachement, « un enfant qui grandit avec des limites claires et posées avec bienveillance développe une sécurité émotionnelle qui l’aide à mieux gérer ses relations futures ».
Hausser le ton doit rester un outil exceptionnel, réservé aux situations où il est réellement utile.
Plus vous posez un cadre clair, moins vous aurez besoin de crier.
Alors, la prochaine fois que vous sentez la moutarde monter, demandez-vous : « Est-ce que crier va servir à quelque chose ? »
Si la réponse est non, inspirez, expirez… et changez de stratégie.
On s’en parle dans les commentaires !