Votre enfant hurle au milieu du supermarché. Tous les regards se tournent vers vous. Vous sentez une goutte de sueur perler sur votre front. Vous avez trois options :
1) prétendre que ce n’est pas votre enfant (ne faites pas le père outré, on y a tous pensé)
2) vous transformer en général d’armée et instaurer la loi martiale
3) gérer la situation comme un parent du XXIe siècle, en mode parentalité intelligente
Si vous êtes là, c’est que vous visez l’option 3. Félicitations. Accrochez-vous.
1. Restez calme (même si vous avez envie de disparaître sous terre)
Lorsque votre enfant décide de transformer un rayon de magasin en scène de tragédie grecque, la pire chose à faire est de réagir sous le coup du stress. Les enfants perçoivent nos émotions comme des amplificateurs des leurs. Si vous montez en pression, ils monteront en volume.
Ce que dit la science : Les neurosciences montrent que le cerveau d’un enfant en crise est littéralement inondé d’émotions qu’il ne sait pas encore réguler seul. Si vous répondez par la colère, cela ne fera que renforcer son stress. (Marois & Ivanoff, 2005).
Ce qu’il faut faire :
- Respirez profondément. Oui, même au milieu des chips et des packs d’eau.
- Rappelez-vous que votre enfant ne fait pas une crise pour vous provoquer, mais parce qu’il est dépassé par ses émotions.
- Ignorez les regards autour de vous. Ils seront oubliés dans 30 secondes.
À se répéter en boucle : « Mon enfant n’a pas un problème, il a une émotion qu’il ne sait pas gérer. »
2. Mettez-vous à sa hauteur et établissez le contact
Votre enfant est en pleine tempête émotionnelle. S’il sent que vous êtes une présence stable, il peut s’accrocher à vous.
Ce qu’il faut faire :
- Accroupissez-vous pour être au même niveau que lui
- Parlez calmement, lentement. Son cerveau est en ébullition, il a besoin de signaux apaisants
- Un contact physique léger (une main sur l’épaule) peut parfois aider, mais uniquement s’il l’accepte.
À dire : « Je suis là. Je vois que tu es en colère/triste/frustré. On va gérer ça ensemble. »
3. Validez son émotion sans céder au caprice
« Arrête de pleurer. » « C’est pas grave. » « Tu exagères. »
Vous l’avez déjà dit ? Mauvaise nouvelle : ces phrases ne font que prolonger la crise.
Les enfants ont besoin que leurs émotions soient reconnues avant de pouvoir les gérer. C’est ce qu’on appelle la validation émotionnelle.
Ce qu’il faut faire :
- Mettez des mots sur ce qu’il ressent (« Tu es déçu parce que tu voulais ce jouet. »).
- Expliquez que vous comprenez sa frustration, mais que cela ne changera pas la situation (« C’est difficile de ne pas avoir ce qu’on veut, mais on ne peut pas acheter ça aujourd’hui. »).
À dire : « Tu as le droit d’être fâché, mais on ne peut pas acheter ce jouet aujourd’hui. »
4. Offrez une alternative ou un choix
Les crises viennent souvent d’un sentiment de perte de contrôle. Offrir un choix permet de redonner un minimum d’autonomie à l’enfant.
Ce qu’il faut faire :
- Proposez-lui deux options claires (« On continue les courses ensemble ou tu veux une pause sur le banc ? »)
- S’il refuse, offrez-lui une action à faire (« Prends une grande inspiration avec moi. »).
À dire : « On ne peut pas acheter ce jouet, mais tu veux choisir une histoire qu’on lira ensemble ce soir ? »
5. Si besoin, éloignez-vous du public, mais sans punir
Si l’enfant est trop submergé par ses émotions, il peut être utile de changer d’environnement. Mais attention, l’isoler comme une punition peut aggraver son stress.
Ce qu’il faut faire :
- Proposez-lui de bouger dans un endroit plus calme (« On va s’asseoir ici deux minutes, et après, on verra comment on peut gérer ça. »).
- Restez avec lui, même s’il est encore en crise. Il doit savoir qu’il n’est pas seul.
À dire : « On va aller dans un endroit plus calme pour que tu puisses respirer. »
Ce qu’il ne faut surtout pas faire
- Hurler ou menacer. Cela ne fait qu’intensifier la crise et enseigne que crier = avoir le dernier mot.
- Ignorer complètement l’enfant. Il a besoin d’apprendre à réguler ses émotions, pas à les refouler.
- Le ridiculiser devant tout le monde. Il risque d’apprendre que ses émotions sont “honteuses” et les refouler à l’avenir.
Les phrases utiles à avoir en tête
- « Je vois que tu es en colère/déçu/triste. C’est normal. »
- « Tu as le droit de ressentir ça, mais ce comportement ne va pas t’aider. »
- « On va trouver une solution ensemble. »
- « On peut parler de ça quand tu seras prêt. »
Et si ça ne marche pas ?
Parfois, même avec les meilleures techniques, ça ne fonctionne pas. Et c’est normal.
Si la crise continue :
- Demandez-vous si l’environnement joue un rôle (fatigue, faim, bruit excessif).
- Restez cohérent. Même si l’enfant hurle, ne cédez pas à une demande incohérente sous la pression.
- Acceptez que certains jours, ça ne marchera pas… et c’est OK. L’éducation, c’est un marathon, pas un sprint.
Ce que ça apprend à votre enfant
En adoptant cette approche, vous ne vous contentez pas de calmer une crise. Vous apprenez à votre enfant :
- À comprendre ce qu’il ressent et exprimer ses émotions
- À mettre des mots dessus au lieu de le subir
- Que ses sentiments sont légitimes, mais que ses comportements doivent être ajustés
- À retrouver son calme sans violence ni chantage
- À faire face à la frustration de manière constructive
Et surtout, vous lui donnez un modèle pour gérer ses propres émotions plus tard.
En conclusion
Remis de vos émotions ? Gérer une crise en public sans céder à la panique et sans renier ses principes, c’est possible. Ce n’est pas toujours facile, mais chaque crise est une opportunité d’apprentissage.
Testez ces techniques et dîtes-moi en commentaire : quelle méthode vous semble la plus efficace avec vos enfants ?