« STOP ! » La crise est là. Que faire ?
Votre enfant est en fusion. Son visage est rouge, ses petits poings sont serrés et il est prêt à tout faire exploser.
Vous sentez votre patience s’effondrer à la vitesse de l’éclair.
Pause. Respirez. Il y a une meilleure stratégie.
Dans ce genre de moments, la réaction instinctive est souvent la pire : crier, punir, menacer. Pourtant, il existe des formules magiques, validées par la science et la psychologie infantile, qui peuvent désamorcer une crise en 5 secondes. Oui, 5 secondes. Chrono en main.
Pourquoi une crise explose (et pourquoi elle peut être stoppée net)
Un enfant ne fait pas une crise par pur plaisir ou pour vous détruire mentalement (même si, soyons honnêtes, parfois on se pose la question).
Une crise, c’est une émotion débordante que l’enfant ne sait pas encore gérer seul. Son cerveau immature (particulièrement le cortex préfrontal, responsable de l’autocontrôle) n’est pas encore à niveau. Traduction : son émotion est un tsunami, et il n’a qu’un seau en plastique pour la contenir.
Votre rôle ? L’aider à naviguer cette tempête sans couler.
Les phrases qui désamorcent une crise en 5 secondes
Voici 10 phrases qui peuvent faire retomber la pression instantanément :
- « Est-ce que tu es triste parce que [raison] ? Et tu voudrais que ce soit [sa volonté] ? »
- Consignes ⇒ remplacez « raison » par une description de ce qui vous semble être la raison de la crise, et « sa volonté » par ce qu’il aurait voulu. Cette formulation est magique avec mon petit dernier (3 ans), et je l’utilise très régulièrement pour valider ses émotions.
- Exemple : tu es triste parce que tu as oublié ton jouet à la maison ? (j’attends la réponse). Et tu voudrais l’avoir avec toi maintenant ? (j’attends la réponse). Est-ce que la prochaine fois tu voudrais qu’on le mette dans ton petit sac pour ne pas l’oublier ?
- « Tu es triste parce que [événement] ? Et tu aurais aimé que [alternative] ? »
- Exemple : « Tu es triste parce que ton tour de manège est fini ? Et tu aurais aimé pouvoir refaire un dernier tour ? Est-ce que tu veux que la prochaine fois on prenne 1 ticket de plus ? »
- « Tu es déçu parce que [situation] ? Et tu voulais que ça se passe autrement ? »
- Exemple : « Tu es déçu parce qu’on n’a plus de ton dessert préféré ? Et tu aurais voulu qu’il en reste encore ? Tu veux que j’en ajoute aux courses pour la prochaine fois ? »
- « Tu es frustré parce que [ce qui s’est passé] ? Et tu voulais que ça soit différent ? »
- Exemple : « Tu es frustré parce que ton château de blocs est tombé ? Et tu aurais aimé qu’il reste debout ? Tu veux que papa regarde comment on peut le rendre plus solide ? »
- « Tu es en colère parce que [problème] ? Et tu aimerais que [solution] ? »
- Exemple : « Tu es en colère parce que ton frère a pris ton jouet ? Et tu aimerais qu’il te le rende tout de suite ? Tu veux que j’aille discuter avec lui ? »
- « C’est dur pour toi parce que [difficulté] ? Et tu aimerais que [chose idéale pour lui] ? »
- Exemple : « C’est dur pour toi parce qu’on doit rentrer maintenant ? Et tu aurais aimé rester jouer plus longtemps ? Tu voudras qu’on vienne plus tôt la prochaine fois ? »
- « Tu aurais voulu que [sa volonté] ? Et c’est pour ça que tu es triste/fâché ? »
- Exemple : « Tu aurais voulu choisir toi-même ton pyjama ? Et c’est pour ça que tu es fâché ? Tu veux que je le mette à sécher pour l’avoir quand celui-ci sera sale ? »
La formule magique décodée pour créer vos réponses efficaces en temps réel
Après avoir testé ces phrases, vous vous demandez peut-être « Mais pourquoi mon enfant arrête soudainement de hurler ? » C’est simple :
Validation émotionnelle
+ Description d’une situation idéale
+ Projection vers une solution
= Apaisement immédiat
Traduction :
- Validation : Votre enfant se sent compris et entendus (« Tu es en colère parce que [raison], c’est ça ? », “Tu as raison d’être en colère”, “Je vois que c’est difficile”). Lui montrer que son émotion est légitime permet d’éviter l’escalade de la crise. Plutôt que de minimiser ou de nier son ressenti, on le met en mots et on l’accueille avec bienveillance. Quand un enfant se sent écouté, son cerveau émotionnel (système limbique) se calme, ce qui facilite l’accès à des solutions.
- Description d’une situation idéale : c’est à dire, mettre des mots sur ce que l’enfant aurait voulu. Cela l’aide à formuler sa frustration et lui permet de mieux comprendre ce qui déclenche cette réaction, et son émotion. Cette description agit comme un pont entre son ressenti et une potentielle issue et lui permet de prendre conscience de son propre désir tout en structurant sa pensée autour de la situation.
- Projection vers une solution : plutôt que de rester bloqué dans la frustration, on oriente l’enfant vers une solution ou une perspective rassurante. On ne promet pas nécessairement que son souhait sera exaucé immédiatement, mais on lui offre une alternative concrète qui l’aide à tourner la page. Objectif ? Lui donner un sentiment de contrôle qui réduit l’intensité de la frustration. Il comprend que même s’il ne peut pas toujours obtenir ce qu’il veut immédiatement, il existe une façon de mieux gérer la situation à l’avenir.
Le tout dans une voix calme, sans sarcasme bien évidemment (même si c’est tentant à la énième crise de la journée, ça n’est pas ni constructif, ni efficace. Et nous voulons avant tout être efficace, et leur apprendre à gérer ces situations de manière durable).
Pourquoi ça marche ?
Cette méthode fonctionne parce qu’elle active 3 leviers essentiels du cerveau de l’enfant :
- Le besoin de connexion → Il se sent entendu et respecté, ce qui apaise immédiatement le stress émotionnel.
- La structuration de la pensée → Mettre des mots sur ce qu’il ressent l’aide à mieux comprendre ses propres émotions.
- La recherche de solutions → Lui proposer une perspective lui permet de se projeter au lieu de rester bloqué dans la frustration.
En utilisant cette approche, vous transformez une crise en une opportunité d’apprentissage émotionnel et relationnel.
Et si ça ne marche pas ?
Parfois, malgré tous vos efforts, la crise continue. C’est normal. Voici quelques astuces pour reprendre le contrôle :
- Vérifiez le contexte : Un enfant affamé, fatigué ou surstimulé est une bombe à retardement. Ajustez l’environnement.
- Restez cohérent : Si une règle est posée (“On ne tape pas”), maintenez-la, même sous pression.
- Observez les déclencheurs : Qui, quand, pourquoi ? En identifiant les causes récurrentes, vous pourrez anticiper et prévenir.
- Ne vous jugez pas trop sévèrement : Certains jours, ça marche, d’autres non. L’important, c’est la tendance générale.
Parfois ça ne marchera pas, et c’est normal. Si on est constant dans l’approche, ces situations seront de plus en plus facile à gérer, et votre enfant gagnera en autonomie émotionnelle.
Ce que cela apprend à votre enfant
En utilisant ces stratégies, vous ne faites pas que calmer une crise. Vous lui enseignez des compétences clés pour toute sa vie :
- L’auto-régulation : Il apprend à comprendre et gérer ses émotions.
- La communication : Il met des mots sur ce qu’il ressent au lieu d’exploser.
- L’empathie : En voyant votre patience, il apprend à traiter les autres avec respect.
- La confiance : Il sait qu’il peut compter sur vous, qu’il ne sera pas rejeté dans les moments difficiles.
« Un enfant apprend plus de la manière dont vous gérez vos émotions que de vos discours sur le contrôle de soi. » – John Gottman
La crise n’est pas un échec, c’est une opportunité
Si vous retenez une chose : une crise n’est pas un combat à gagner, c’est une compétence à transmettre.
Chaque fois que vous utilisez ces techniques, vous aidez votre enfant à grandir émotionnellement. Et un jour, au lieu d’hurler ou de taper, il saura dire : « Je suis en colère, parce que j’aurais voulu que ça se passe autrement, et je vais réfléchir à une solution ».
Et là, vous saurez que vous avez gagné bien plus qu’une crise évitée.
Et vous, avez-vous testé ces phrases magiques ? Laquelle fonctionne le mieux chez vous ? Dites-moi en commentaire !
Un commentaire
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